La question pourrait paraître iconoclaste, tant la France se targue depuis des années d’être aux avant-postes de la lutte conte le changement climatique. Depuis bientôt 3 ans, tout ce que le pays compte d’experts modélisateurs, d’entreprises, d’ONG du secteur de l’énergie, travaille sous la houlette du ministère de l’énergie à la feuille de route énergétique à 2030 et 2035. Quels objectifs en matière d’économies d’énergie, de sobriété et d’efficacité énergétique ? Quels besoins en électricité bas-carbone ? Quel développement de la chaleur renouvelable et de récupération, pour baisser drastiquement nos importations de gaz fossile, encore en partie russe ?
Ce travail a abouti en novembre, ENFIN, au projet de stratégie française énergie climat (SFEC).
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/23242_Strategie-energie-climat.pdf
Cette stratégie intègre la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), avec des objectifs clairs à 2030 et 2035. La FEDENE, qui s’est fortement investie dans tous ces travaux préparatoires, croyait voir le bout du tunnel, pour pouvoir passer à l’action. Nous l’avons dit et redit devant la valse-hésitation du Gouvernement sur un éventuel projet de loi de programmation, un projet de loi n’a rien d’indispensable, la PPE pouvant être actée par décret.
Or que propose aujourd’hui le Premier Ministre Gabriel Attal… un nouveau débat national. Non pas le premier, mais le deuxième, puisque le précédent date d’il y a moins de deux ans, en 2022-2023 : https://www.debatpublic.fr/concertation-nationale-sur-le-systeme-energetique-de-demain-notre-avenir-energetique-se-decide-2980
Devra-t-on attendre 2025, voire 2026, pour voir les objectifs 2030 enfin gravés dans le marbre ? Qui pense vraiment qu’en 5 ans on saura baisser les gaz à effet de serre de 25 %, alors que c’est notre engagement européen, soit l’équivalent de la baisse obtenue en … 30 ans ?
Il est temps de cesser de tergiverser, et de passer à l’action :
– décliner la PPE dans chaque région, en partant des remontées des territoires
– définir immédiatement une trajectoire cohérente avec ces objectifs des outils réglementaires, fiscaux et incitatifs.
A titre d’exemple, il faudra arriver à 1.6 Milliards d’euros du Fonds Chaleur ADEME d’ici 2027, pour atteindre les objectifs de la PPE en chaleur renouvelable et de récupération. Or dès 2024, le budget de moins d’un milliard (malgré nos démonstrations répétées), est insuffisant de près de 500 M€ pour soutenir les projets déjà en portefeuille…
Les discussions sans fin sur des lendemains qui chantent, cela finit par décourager les acteurs économiques qui doivent investir lourdement pour tenir une trajectoire. Au fond, le Gouvernement veut-il vraiment atteindre ses propres objectifs ?