Stratégie européenne en matière de chauffage et de refroidissement : la contribution de la FEDENE

18/12/2025 | Réseaux de chaleur, Transition énergétique

Alors que le Conseil et le Parlement européen viennent de s’accorder sur l’interdiction progressive des importations de gaz russe, la Commission européenne élabore une nouvelle stratégie en matière de chauffage et de refroidissement. Dans une contribution adressée à la Commission européenne, la FEDENE détaille des propositions concrètes pour accélérer le recours à des énergies vertueuses et produites localement.

Le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire représentent plus de 75 % de la consommation énergétique des ménages en Europe. Les besoins de rafraîchissement, quant à eux, augmentent significativement avec la multiplication des vagues de chaleur et deviennent, au-delà du confort, un enjeu sanitaire.

Pour répondre à ces défis, la nouvelle stratégie européenne pour le chauffage et le froid devrait donner une place importante aux énergies renouvelables et de récupération thermiques, aux côtés de l’électrification des usages. La FEDENE dévoile sa contribution à la consultation relative à cette stratégie (document en téléchargement ci-dessous).

Cette feuille de route porte plus d’une vingtaine de propositions permettant de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de renforcer notre sécurité énergétique. Parmi celles-ci :

S’appuyer sur le rôle clé des territoires

La mise en œuvre d’une stratégie de chauffage et refroidissement doit passer par une planification définissant la meilleure solution pour chaque territoire au moyen des « plans locaux chaleur et froid ».

Pour que cette planification locale permette de garantir une réponse efficace à l’ensemble des besoins, il est essentiel :

  • D’aligner les stratégies de rénovation avec ces plans, facilitant ainsi le raccordement des bâtiments résidentiels collectifs et tertiaires ainsi que des industriels à la solution retenue (réseau de chaleur vertueux, géothermie…).
  • D’assurer la cohérence des dispositifs incitatifs avec ces plans.

Déployer le potentiel de récupération de la chaleur industrielle

Les processus industriels peuvent générer de la chaleur. Si elle n’est pas récupérée pour d’autres usages, elle est alors perdue : on parle de « chaleur fatale ». Le potentiel de chaleur de récupération est important : jusqu’à 2 860 TWh/an[1] à l’échelle de l’Union Européenne, dont plusieurs centaines déjà valorisables dès à présent. En 2024, en France, le potentiel était évalué à environ 90 TWh/an[2] dont 29 TWh pourraient être récupérés par les réseaux de chaleur à l’horizon 2035[3]. Cette chaleur pourrait être réutilisée sur le même site industriel, ou distribuée à d’autres usagers.

Aujourd’hui, la création de réseaux de chaleur pour récupérer cette énergie fait face à un risque : l’interruption de la source de chaleur en cas de modification ou de disparition de l’activité industrielle. La FEDENE propose la création d’un dispositif de mutualisation du risque, tel qu’un fonds assurantiel, pour permettre aux acteurs de sécuriser leur investissement.

Déterminer un « ordre de priorité » des solutions de rafraîchissement

Afin d’éviter que le déploiement de solutions de rafraîchissement individuelles n’aggrave les effets du changement climatique, la FEDENE propose de créer un ordre de priorité sur le modèle de la méthode « EnR’choix » de l’ADEME pour la chaleur.

Cette priorisation vise à hiérarchiser les solutions selon la sobriété, l’efficacité et enfin l’usage des solutions considérées. Elle donne la priorité aux solutions passives, comme la végétalisation, à la réduction et mutualisation des besoins de froid, et aux énergies de récupération locales (freecooling[4], froid fatal, chaleur fatale), et enfin aux énergies renouvelables locales telles que la thalassothermie[5] ou la géothermie de surface.

Parmi ces solutions, les réseaux de froid urbains ont un rôle clef à jouer dans les zones urbaines à forte densité :

  • Ils sont capables de mobiliser efficacement ces sources variées ;
  • Ils limitent les effets d’îlots de chaleur urbain ;
  • Ils permettent de déployer des solutions de stockage thermique et de contribuer ainsi à la gestion des pointes électriques.

[1] Euroheat & Power, “Scaling up district heating and cooling for a decarbonised, secure and competitive Europe”, https://www.euroheat.org/policy/policy-ask

[2] ADEME, Récupération de chaleur fatale. Etat des réalisations et évolutions du gisement à fin 2020, Février 2022

[3] Projet de troisième édition de la programmation pluriannuelle de l’énergie : https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/02__projet_de_ppe_3.pdf

[4] Le free cooling, ou refroidissement passif, est une méthode permettant de rafraichir un environnement avec un milieu ambiant plus froid, tel que de l’eau ou de l’air. Il n’y a pas de transformation et pas d’utilisation d’énergie.

[5] La thalassothermie consiste à exploiter l’énergie calorifique et frigorifique de la mer pour chauffer, pour climatiser ou  pour fournir de l’eau chaude sanitaire à des bâtiments.

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