Contribution à la SFEC : proposition relative à la production de chaleur et de froid renouvelables et de récupération

Le projet de Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC) mis en consultation par le Gouvernement en
novembre 2023 présente les grandes orientations de la politique énergétique à l’horizon 2030-2035. Pour répondre au triple enjeu de souveraineté, de compétitivité et d’accélération de la lutte contre le changement climatique, le projet de SFEC identifie trois grands objectifs :

  • La réduction de 30% de la consommation énergétique française en 2030 par rapport à 2012 grâce au
    double levier de la sobriété et de l’efficacité énergétique ;
  • La sortie de la dépendance aux énergies fossiles en 2050 ;
  • Le doublement de la production de chaleur renouvelable et de récupération d’ici 2035 et du rythme de
    développement des réseaux de chaleur d’ici 2030.

La FEDENE est force de proposition pour encourager certaines mesures à aller plus loin et suivre leur pilotage. Dans ce cadre, elle inscrit 5 propositions sur différentes thématiques.

Production de chaleur et de froid renouvelable et de récupération

Alors qu’il est urgent de massifier le développement de la chaleur et du froid renouvelables et de récupération pour décarboner le secteur de la chaleur, le projet de SFEC fixe, pour la première fois dans un document de programmation énergétique, des objectifs ambitieux et des mesures ciblées. La FEDENE se félicite de cette ambition qui vise à atteindre 400 TWh de chaleur renouvelable et de récupération à l’horizon 2035 contre 183 TWh aujourd’hui, en mobilisant toutes les sources de chaleur renouvelable et de récupération. Pour évaluer la contribution de chacune des technologies de production d’ENR&R à cet objectif et accompagner leur développement, la FEDENE formule ci-après plusieurs mesures structurantes.

Les réseaux de chaleur urbains

Alors qu’elle représente le premier usage énergétique du pays et près de la moitié de l’énergie consommée, la chaleur a été trop souvent oubliée du débat énergétique. La future SFEC marque un tournant majeur en plaçant au cœur de la transition énergétique, le développement de la chaleur renouvelable et de récupération, avec comme cible notamment un triplement des quantités de chaleur livrées par les réseaux d’ici 2035.

Au fil des années, les réseaux de chaleur ont montré leur capacité à répondre efficacement au « triple enjeu de souveraineté, de compétitivité et […] de lutte contre le changement climatique 4 » identifié dans le projet de SFEC. En fixant des objectifs ambitieux pour les réseaux de chaleur, le Gouvernement appelle sans ambiguïté à développer massivement ces solutions matures pour obtenir rapidement des résultats tangibles. La FEDENE soutient cette démarche pragmatique. Dans le projet de SFEC, une série de mesures issues, pour partie, des travaux préparatoires de la SFEC, est d’ores et déjà identifiée. La FEDENE salue cette importante concertation et appelle à engager, dans les meilleurs délais, en plus de ces mesures, des moyens adaptés et ciblés pour atteindre les objectifs de la future PPE d’ici 2030-2035.

Afin que les acteurs publics et privés puissent mettre en œuvre l’ensemble des projets identifiés sur les territoires et que la trajectoire de croissance des réseaux de chaleur urbains soit atteinte, la FEDENE propose

Faciliter le raccordement aux réseaux de chaleur :

  • La généralisation des plans locaux de chauffage et de refroidissement y compris pour les communes de moins de 45 000 habitants. Pour ces communes, les travaux prospectifs de la FEDENE et de ses partenaires montrent que les réseaux de chaleur apportent également une solution pertinente dans des villes moins peuplées.
  • Le moyen le plus efficient de développer les réseaux de chaleur vertueux est assurément de faciliter le raccordement de bâtiments existants. Le Coup de pouce chauffage CEE instauré en 2022 s’est montré particulièrement efficace pour raccorder rapidement des nouveaux bâtiments résidentiels collectifs.
  • La FEDENE propose de prolonger le Coup de pouce CEE jusqu’en 2030.
  • La distribution de la chaleur à l’intérieur d’un immeuble en chauffage collectif s’effectue via des canalisations appelées « boucle d’eau chaude secondaire ». Sans elle, les bâtiments ne peuvent bénéficier d’un système de chauffage collectif utilisant des EnR&R tels que les réseaux de chaleur. Or, plus de 60 % des résidences collectives ne sont pas équipées de boucles d’eau chaude secondaires. La FEDENE propose de créer d’un dispositif national d’aides pour financer l’installation de boucles d’eau chaude secondaire dans les bâtiments tertiaires et résidentiels existants et favoriser ainsi l’utilisation des EnR&R locales. L’installation de boucles d’eau chaude secondaires devrait également être obligatoire dans les bâtiments neufs.
  • Les adhérents reportent régulièrement des incohérences entre, d’une part, la volonté avérée de réaliser de nouveaux projets et, d’autre part, les réglementations et aides publiques applicables aux bâtiments et accordées aux systèmes de chauffage vertueux. Par exemple, les raccordements aux réseaux de chaleur ne sont pas éligibles aux aides MaPrimeRenov’. La FEDENE appelle à veiller à la cohérence du cadre réglementaire et des aides publiques pour ne pas ralentir le déploiement des réseaux de chaleur vertueux. La 6ème période CEE devrait également poursuivre cet objectif en maintenant le seuil de franchise actuel pour les réseaux de chaleur et de froid, pour éviter de dégrader la compétitivité des réseaux de chaleur de petite taille.

Pour encourager la valorisation de toutes les EnR&R et permettre que le mix énergétique des réseaux de chaleur et de récupération soit, à terme, 100% renouvelable :

  • Au titre de la RE2020 et des différentes réglementations applicables aux bâtiments, autoriser, dans le calcul du taux d’EnR&R des réseaux de chaleur et de froid, la valorisation de l’électricité renouvelable et du biométhane achetés via des PPA ou des garanties d’origine. Cette mesure est indispensable si l’on veut accélérer la décarbonation des réseaux de chaleur lorsque le recours à d’autres EnR&R n’est pas possible. Sur le plan financier, il est nécessaire, en cohérence, d’étendre le périmètre des EnR&R donnant droit à l’application d’une TVA à 5,5 % aux réseaux de chaleur qui font appel à une production solaire photovoltaïque pour alimenter les pompes à chaleur et aux contrats d’achat d’électricité et de gaz renouvelables, conformément à ce qui est permis par la réglementation européenne.

Réhausser la trajectoire du Fonds Chaleur :

  • La FEDENE accueille très favorablement l’augmentation du budget du Fonds chaleur, doté de 820 millions d’euros en 2024. Néanmoins, et consciente des efforts financiers que cela représente, la FEDENE invite vivement le Gouvernement à revoir la trajectoire du budget du Fonds chaleur, car il s’avère d’ores et déjà insuffisant pour accompagner des projets déposés à l’ADEME. Si le Fonds chaleur n’est pas doté d’un milliard d’euros en 2024 et progressivement porté à 3 milliards d’euros d’ici 2030, les acteurs ne pourront tenir leurs engagements SFEC.

Solutions vertueuses de rafraichissement

Traditionnellement cantonnée à la couverture des besoins de confort ou des bâtiments tertiaires (bureaux, centres informatiques, santé, …), la production de froid répond de plus en plus à des besoins sanitaires, notamment pour les personnes vulnérables aux pics de chaleur (15 000 à 19 000 décès en 2003). Les épisodes de canicule de cet été et des précédents le montrent : il faut agir sans attendre pour rafraîchir les villes de manière collective et responsable. Répondre à ce nouvel enjeu nécessite d’abord de définir une approche innovante et globale comparable à l’ordre de mérite « sobriété – efficacité – énergies renouvelables et de récupération » dont la prévention de toute maladaptation5 constituerait le principe fondamental.

Des solutions de froid matures apportent déjà des réponses durables au réchauffement de nos villes, évitent d’importantes pertes de productivité au travail et ont un impact positif sur la santé de l’ensemble des habitants. Pour accélérer ces premières initiatives, une politique volontariste de développement d’alternatives vertueuses (PAC géothermiques, réseaux de froid) est indispensable. Les réseaux de froid permettent d’utiliser des sources renouvelables et de récupération (eaux de rivière ou de mer, nappes géothermales, valorisation de déchets, géothermie de surface) dont regorgent les milieux urbains. D’un point de vue énergétique et environnemental, les réseaux de froid ont l’avantage d’être 2 à 5 fois plus performants que la majorité des installations autonomes : leur contenu CO2 moyen avoisine 10 g/kWh livré et les taux de fuite de fluides frigorigènes sont très faibles (<1%) et très inférieurs aux taux des installations autonomes qui est de l’ordre de 10%.

Considérant l’impact du réchauffement climatique sur l’ensemble du territoire national, la future SFEC a maintenu les objectifs de développement des réseaux de froid de la précédente PPE. Pour assurer une cohérence avec les objectifs fixés pour les réseaux de chaleur urbains, la FEDENE propose que les objectifs de livraison de froid renouvelable et de récupération soient exprimés en livraisons totales en précisant le taux d’EnR&R cible :

cibles de livraison totale de froid par les réseaux et part renouvelable (proposition FEDENE)

*en attente de validation par la Commission européenne de la Note des Autorités Françaises ajustant la méthode de calcul du froid renouvelable des réseaux de froid, le volume de froid livré par réseau en France n’est pas connu à date. Le ministère de la Transition énergétique et la FEDENE travaillent de concert pour faire valider une NAF détaillant la notion d’EnR&R froide de la part de la Commission européenne.

La FEDENE encourage le Gouvernement à maintenir ces objectifs et à les inscrire non seulement dans la prochaine PPE dans un chapitre dédié, mais également dans les futures lois et règlements qui détailleront la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). Par ailleurs, pour atteindre la trajectoire de la future PPE en matière de froid renouvelable et de récupération, la FEDENE a identifié plusieurs mesures incitatives qui devront trouver leur place dans la future SFEC :

  • La validation urgente de la Note des Autorités Françaises (NAF) à la Commission européenne, relative à la définition du froid renouvelable de la part de la Commission européenne. L’Acte délégué (UE) 2022/759 du 14 décembre 2021 définissant le froid renouvelable permet d’ajuster au
    niveau de chaque Etat-membre cette méthode sur la base de justifications précises. La France en a ainsi fait la demande via une NAF pour les réseaux de froid. Sa validation est un prérequis à toute stratégie d’adaptation au changement climatique.
  • L’élargissement de l’application de la TVA à 5,5 % aux livraisons de froid EnR&R via des réseaux pour encourager le raccordement des bâtiments tertiaires et résidentiels aux réseaux de froid vertueux.

Récupération de la chaleur fatale livrée dans les RCU

La meilleure énergie est celle que l’on ne produit pas, la seconde est celle que l’on réutilise. Représentant 43 % des consommations finales annuelles de la France, la chaleur peut être recyclée pour réduire ces consommations et les émissions nationales de gaz à effet de serre. Ce recyclage s’appelle la récupération de la chaleur fatale. La chaleur fatale est la chaleur « perdue » par un process industriel (hauts fourneaux par exemple) ou tertiaire qui dégage une énergie thermique. Elle peut être récupérée à partir de sites de production d’énergie, d’unités de valorisation énergétique des déchets (UVE), de sites de production industrielle, de centres de données, de réseaux de transport fermés. Une fois récupérée, la chaleur peut être réinjectée dans un autre process, notamment dans un réseau de chaleur.

En 2017, l’ADEME estimait les gisements valorisables de chaleur fatale (UVE, industries, eaux usées, data centers) à plus de 100 TWh6 ; soit près de 15 % de la consommation nationale de chaleur. Cette chaleur n’est pas seulement un potentiel énergétique pour les réseaux de chaleur, c’est également une source d’économies d’énergie importante. La FEDENE se félicite de voir, pour la première fois dans un document de programmation énergétique un objectif pour cette filière prometteuse.

S’il est difficile de mesurer précisément le gisement de chaleur fatale récupérable en France, la FEDENE estime, à partir des études de l’ADEME, qu’au moins 15 TWh de chaleur fatale industrielle et quelques 4 TWh de chaleur fatale issue de data centers sont situés à proximité d’un réseau de chaleur. Les Unités de Valorisation Énergétique qui ne sont pas mentionnés explicitement dans les objectifs de récupération de chaleur fatale livrée dans les RCU représentent également un gisement important ; aucune mesure spécifique à cet usage n’est cependant proposée pour cette filière dans le projet de SFEC. Pourtant, essentielles dans le paysage énergétique, les UVE représentent la première source d’énergie renouvelable et de récupération (EnR&R) mobilisée par les réseaux de chaleur, atteignant 30% de la chaleur livrée en 2022 selon la FEDENE.

En 2022, les 118 UVE présentes en France ont valorisé 12 TWh de chaleur, dont 4 TWh autoconsommés. De plus, un potentiel considérable demeure inexploité. En 2022, seulement 80 UVE étaient connectées à des réseaux de chaleur, laissant un potentiel de création, d’extension, ou de verdissement des réseaux de chaleur et de froid. Selon une étude réalisée par la FEDENE, 8 TWh d’énergie thermique issue des UVE existantes restent encore inexploités. Ce potentiel ne prend pas en compte l’augmentation des capacités de certaines UVE lors de leur modernisation, pour accueillir des déchets mis jusque-là en décharge. Les mises aux normes lors des BREF, échéances de contrat, sont souvent l’occasion de modernisations et de mise en place d’un process de récupération supplémentaire de la chaleur fatale.

Dès lors, en anticipant l’exploitation de ce potentiel d’ici 2030, la valorisation de la chaleur fatale des UVE pourrait fournir 16 TWh (part renouvelable et de récupération) de chaleur décarbonée aux réseaux de chaleur urbain et industriel, remplaçant ainsi des sources d’énergie fossile.

La FEDENE salue l’ambition du projet de SFEC en matière de récupération de chaleur fatales livrée dans les réseaux et souhaite que l’objectif de récupération de chaleur fatale livrée aux RCU des UVE soit clarifié (part chaleur fatale/part renouvelable) et identifié explicitement dans la future PPE, à l’instar de ce qui existe pour les CSR :

Proposition FEDENE de répartition de l’objectif de récupération de chaleur fatale livrée dans les RCU

Pour accompagner les projets de récupération de chaleur fatale, la FEDENE souhaite la mise en place de
plusieurs dispositions spécifiques :

  • La création d’un fonds de garantie dédié à la valorisation de chaleur fatale, destiné aux industriels, afin de renforcer la résilience du secteur, pour sécuriser l’approvisionnement des réseaux de chaleur ou des industriels consommateurs de cette chaleur fatale. Ce fonds doit servir de filet de
    sécurité face au risque de disparition des entreprises industrielles qui fourniront la chaleur. En se protégeant de ce risque théorique, cette mesure permettra le financement des projets.
  • L’éligibilité des projets UVE au Fonds Chaleur pour les projets de valorisation interne de chaleur fatale disponible et pour les modifications internes de process nécessaires à la livraison de chaleur aux réseaux de chaleur urbains et industriels, comme cela était permis dans les précédentes règles du Fonds Chaleur.
  • La mise en place de règles simples et prévisibles pour le traitement des demandes de Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) spécifiques aux projets UVE. Cette démarche vise à créer un cadre incitatif clair, encourageant les acteurs du secteur à optimiser continuellement leur efficacité
    énergétique et à réaliser leurs projets dans des délais plus rapides. Par ailleurs, il conviendrait de préciser, dans les nouvelles règles du Fonds Chaleur, qu’il n’y a aucune incompatibilité entre les CEE et le fonds Chaleur ADEME. En effet, si le soutien du Fonds chaleur est inférieur et si un projet perçoit des CEE par ailleurs, ce projet n’est pour autant pas exclu du Fonds Chaleur.
  • L’assouplissement des certaines exigences inscrites dans les SRADDET ou PRPGD qui, dans certaines régions, peuvent bloquer les projets d’augmentation de capacités d’incinération des UVE avec un impact direct sur l’exploitation du potentiel de chaleur fatale des installations existantes et futures.

Combustibles solides de récupération

Le CSR peut être considéré comme une forme de recyclage énergétique et une réduction de l’élimination des déchets. Il permet de récupérer de la valeur à partir de déchets qui autrement pourraient être considérés comme inutiles. Cette approche favorise une économie circulaire où les déchets sont traités comme des ressources potentielles plutôt que comme des détritus. En somme, le développement du CSR représente une initiative écologiquement et économiquement favorable, contribuant à la transition vers des pratiques plus durables en matière de gestion des déchets et d’énergie.
La FEDENE se félicite de l’objectif fixé dans le projet de SFEC à 10 TWh d’ici 2030. Tout d’abord, il contribue à la valorisation énergétique des déchets ; en transformant des déchets non dangereux en CSR, on crée une source d’énergie alternative, réduisant ainsi la dépendance aux combustibles fossiles. Il contribue par ailleurs à l’atteinte des objectifs de durabilité environnementale et de gestion responsable des déchets.

La FEDENE souhaite la mise en place de plusieurs dispositions spécifiques telles que :

  • Le renforcement du Fonds économie circulaire en tant que source de financement public, notamment pour le développement des projets CSR. Selon l’étude FNADE/SN2E de 2023 sur la révision du modèle économique de la filière CSR, afin d’atteindre l’objectif de 10 TWh d’ici 2030 avec 3 Mt de CSR supplémentaires, des soutiens publics à l’investissement de 1 Md€ sur 4 ans sont nécessaires. Cette enveloppe, incluant des projets déjà soutenus par l’ADEME, nécessite un budget supplémentaire évalué entre 650 et 800 M€ sur 4 ans, principalement alloué à des projets de cogénération, rendus possibles grâce à l’intégration de la cogénération dans les lignes directrices des aides d’État de l’UE, et des appels d‘offres annuels de l’ADEME.
  • La mise en place d’un Fonds de garantie pour compenser une éventuelle sur-attractivité des combustibles fossiles. Ce fonds serait un mécanisme d’équilibrage entre le prix des énergies bas carbone et le prix des énergies fossiles, maintenant un écart minimum en faveur des énergies renouvelables et bas-carbone.
  • Maintenir un rythme annuel des appels à projet CSR de l’ADEME, jusqu’à l’atteinte des 10 TWh de projets CSR.

Géothermie profonde et de surface

Renouvelable, locale et adaptée aux milieux urbains denses, l’énergie géothermique, sous toutes ses formes (profonde et de surface) demeure indispensable pour accélérer l’accroissement de la chaleur renouvelable dans le mix énergétique français. Des régions fortement urbanisées, comme les bassins parisien et aquitain, disposent de ressources géothermales abondantes, pouvant notamment être valorisées par les réseaux de chaleur, pour répondre à une forte demande en chauffage et eau chaude sanitaire. Le projet de SFEC fixe un objectif ambitieux à atteindre d’ici 2030 pour la géothermie profonde (6 TWh) et la géothermie de surface (10 TWh), ce qui suppose une accélération importante du rythme de projets. La FEDENE salue cette ambition et les initiatives du ministère de la Transition énergétique qui a identifié, dans son plan national géothermie, une série de mesures pour accélérer son développement. En tant que contributeur actif, la FEDENE sera associée de près à la définition et la mise en œuvre de ces actions.

Pour accélérer le rythme de développement des projets comme envisagé dans le plan d’action géothermie du Gouvernement (+40% d’ici 2030), la FEDENE recommande les mesures suivantes

  • La modification des Règles de Cumul des Aides pour augmenter l’efficacité des financements disponibles, en particulier pour les projets de géothermie au forfait et les projets de réseaux de chaleur : actuellement, les règles relatives aux Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) et au Fonds Chaleur limitent le cumul des aides.
  • Le développement de programmes régionaux ciblés pour soutenir la géothermie, adaptés aux particularités locales. Ces programmes pourraient être financés par des fonds régionaux ou européens, en complément des aides nationales.

Solaire thermique

Les installations, grandes et individuelles, de solaire thermique ont montré leur maturité et leur pertinence pour répondre à des besoins de chaleur résidentiels, tertiaires et industriels basse température. Il s’agit d’une solution robuste et prometteuse pour produire de la chaleur renouvelable pratiquement partout en France. Avoir un espace foncier disponible à proximité des lieux de consommation de chaleur est essentiel pour installer une
centrale de production solaire thermique.

La FEDENE propose que l’accès au foncier des grandes installations de solaire thermique et des systèmes de stockage de chaleur soit facilité à proximité de sites industriels et de réseaux de chaleur en exemptant les grandes installations de solaire thermique de la comptabilisation des surfaces d’artificialisation des sols et de la consommation d’espace Naturels Agricoles et Forestiers.

Stockage

Pour améliorer encore l’intérêt technico-économique des installations solaires thermique en reportant la production d’ENR&R estivale en début d’hiver (chaleur solaire, UVE, chaleur fatale industrielle), la FEDENE propose la mise en œuvre par l’ADEME d’un appel à projets stockage inter-saisonniers. Cela permettra d’atteindre des pourcentages d’ENR&R dans la fourniture de chaleur encore plus élevés.

Biomasse collective et industrielle

La biomasse a un rôle essentiel à jouer dans l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050 et ce à plusieurs niveaux : comme puits carbone d’abord, en permettant le stockage dans les arbres et dans les sols mais également dans le matériau bois en substitution de matériaux à forte empreinte carbone, et comme énergie en substitution d’énergies fossiles.
Le projet de SFEC prévoit, d’ici 2035, une utilisation de la biomasse bois et agricole pour différents usages : bois énergie, biogaz, biocarburant à partir de différentes ressources.

Le bois énergie tel qu’il est utilisé en France est un co-produit vertueux de l’exploitation durable des forêts, en complément du bois d’œuvre et du bois d’industrie, matériaux dont le développement des usages permet d’accroître le stockage du carbone. Également indispensable aux opérations d’entretien des forêts et d’accompagnement de leur adaptation aux effets du changement climatique, c’est un complément de débouchés et de revenu indispensable à l’économie forestière, et donc un outil indispensable de gestion sylvicole.

La FEDENE salue la trajectoire ambitieuse prévue pour le développement de la chaleur renouvelable et de récupération ainsi que celle de la biomasse collective. La part identifiée pour la contribution de la biomasse non résidentielle (consommation nette) semblerait à la lecture d’un graphique passer de 46 à 74 TWh en 2030, puis atteindre entre 83 et 98 TWh en 2035, mais sans que cela soit très explicite. Il est essentiel que cette trajectoire de croissance des usages de la biomasse soit inscrite de façon précise dans la future PPE.

Les réseaux de chaleur sont des vecteurs énergétiques indispensables pour développer cette chaleur renouvelable. La part EnR&R dans leur mix énergétique, de l’ordre de 66% aujourd’hui, devrait atteindre 75% en 2030 et 80% en 2035 comme le propose le projet de SFEC. Ils vont continuer à se développer, se moderniser et se densifier à un rythme très soutenu dans les années à venir. Le bois-énergie est une énergie renouvelable particulièrement adapté aux réseaux de chaleur : il représente à ce jour presque 26% de leur mix énergétique. Le bouclage de la biomasse est un enjeu majeur de la SFEC, la FEDENE partage cette analyse. Pour atteindre la neutralité carbone il est nécessaire de considérer la maturité des solutions retenues et de leur efficacité énergétique. A court et moyen terme, les réseaux de chaleur et la décarbonation de l’industrie constituent la meilleure solution pour décarboner rapidement la chaleur. L’électrification des usages telle qu’envisagée dans les scénarii ne pourra pleinement jouer son rôle qu’à compter de la mise en service massive de nouveaux moyens de production.

Dans ce contexte, la proposition de priorisation des usages proposée dans le projet de SFEC pour les réseaux de chaleur et les industriels pour lesquels elle est indispensable est très pertinente, en favorisant notamment les usages de la biomasse les plus efficaces sur le plan énergétique et vise ainsi à orienter la biomasse bois énergie vers la production de chaleur à meilleur rendement. La transposition de la nouvelle directive sur les énergies renouvelables dite RED3 devra se faire en cohérence avec la mise en œuvre de la priorisation des usages proposées dans le projet de SFEC.

Parmi les leviers identifiés, le projet de SFEC propose de renforcer la gouvernance de la biomasse, notamment localement en garantissant un meilleur accès aux données aux cellules biomasse régionales. La FEDENE salue cette mesure qui vise à avoir une meilleure visibilité de l’ensemble des flux au regard des différents usages dans les territoires. Pour que l’ensemble des acteurs puissent disposer d’une vision commune des volumes et des hypothèses, il est essentiel d’établir un diagnostic partagé de l’usage de la biomasse avec la mise en place d’un pilotage de l’évaluation des ressources et d’un suivi de son utilisation assurés par l’ADEME. Afin de garantir la gestion durable de la forêt et la valorisation en bois énergie en complémentarité avec les autres usages du bois, il est également important de soutenir tous les maillons de la filière forêt bois (plantation, récolte, etc), ainsi que le développement des haies.

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