Bienvenue dans l’âge de la maintenance et de la sobriété programmées !
Les métiers de services des entreprises de la FEDENE sont des métiers de maintenance qui confèrent quotidiennement à leurs 60 000 collaboratrices et collaborateurs, partout en France, l’art de faire durer.
Que ce soit dans le chauffage, la climatisation, la ventilation, l’exploitation, l’entretien de systèmes, d’installations, d’équipements et d’infrastructures énergétiques : la maintenance est une composante principale de la mission des entreprises de la FEDENE.
« Le monde ne va peut-être pas de mieux en mieux, mais nos appareils sont de plus en plus neufs » écrivait l’historienne Jill Lepore dans les colonnes du New Yorker dès 2014 illustrant ainsi la tendance à continuellement s’entourer de produits toujours plus innovants, fortement consommateurs de ressources.
Plus que de disrupteurs, nous avons besoin aujourd’hui de grossir les rangs de la grande famille de la maintenance, car se débarrasser d’un produit qui a juste besoin d’être réparé, c’est absurde !
« La maintenance est moins un problème technique ou culturel qu’un enjeu politique et économique ». En effet, « là où le droit cherche à faire durer des stocks, l’économie tente de faire croitre des flux » comme le souligne judicieusement Bastien Marchand dans le n° 34 d’Usbek & Rica.
Maintenir, c’est transmettre, participant ainsi à limiter les capacités de destruction d’une économie trop orientée sur l’innovation. Or, basée sur des systèmes souvent de plus en plus complexes, mobilisant des matières onéreuses, l’innovation fait exploser les coûts de la maintenance.
« La maintenance n’est pas tant passéiste que pragmatique : elle propose avant tout une politique de petits pas, de l’évolution incrémentale, de l’adaptation continue, progressive, soucieuse de ses effets. Les promoteurs de la maintenance ne sont pas des gens opposés au changement, ils souhaitent surtout qu’on puisse mesurer les effets de ces changements, que ceux-ci restant réversibles, mesurés progressifs, qu’ils démontrent leurs promesses » nous enseigne le journaliste Hubert Guillaud.
« Maintenir c’est souvent résister l’obsolescence et rompre un temps le cycle du remplacement incessant. Mais c’est aussi troubler les principes d’une version de l’économie circulaire qui n’a d’yeux que pour la production, la consommation et le recyclage » comme le résume très bien Jérôme Denis et David Pontille.
Pour dépasser les défis énergétiques et environnementaux et se mettre en conformité avec les objectifs des pouvoirs publics, les solutions digitales offrent des solutions pour combiner maintenance et sobriété énergétique. Il devient nécessaire de rendre les bâtiments plus connectés et contrôlables. La bonne maintenance est celle qu’on ne voit pas !
« Une grande partie des activités de maintenance reste dans l’angle mort de l’expérience de nombreuses personnes. La maintenance est une activité d’arrière-plan par excellence qui, très souvent, semble ne pas compter. »
Mais, invisibilisée, elle est mal quantifiée, mal comptabilisée, elle est aussi encore trop mal rémunérée alors qu’elle joue un rôle primordial dans notre société. Cette situation rejaillit sur la difficulté à attirer des jeunes vers les métiers de la maintenance.
Thèmes abordés :
La maintenance des équipements et des infrastructures confère aux entreprises de services énergétiques « l’art de faire durer » ;
Elle participe ainsi à limiter les capacités de destruction d’une économie trop orientée sur l’innovation ;
L’appui de solutions digitales et d’objets connectés contribuent cependant à des actions de sobriété et de maintenance ;
Les métiers de la maintenance restent encore insuffisamment visibles, et les entreprises peinent, dès lors, à recruter.
Dans cette table ronde :
- Le philosophe & chercheur au CNRS Pierre Caye proposera une approche globale du système prédictif dans lequel pour durer, le capital devient patrimoine, le travail se consacre à la maintenance, en même temps que la technique nous sert d’enveloppe protectrice. L’économie prenant ainsi ses distances avec les idéologies dominantes de l’innovation, de la disruption et de la destruction créatrice.
- La députée Olga Givernet apportera sa vision de parlementaire sur la convergence entre maintenance et sobriété.
- Stéphanie Monjon, Enseignante-chercheuse, insistera sur la convergence sobriété innovation ainsi que sur la nécessaire préservation des ressources, notamment minières.
- Vianney Raskin, fondateur de Citron, expliquera quant à lui sur l’apport du digital et sur le rôle de l’acquisition de données dans les actions de maintenance et de sobriété
- Enfin, Charles Remande, directeur environnement et énergie, Sodexo France et enseignant à l’Université Gustave Eiffel, nous fera part de son retour d’expérience en tant que professionnel et enseignement sur la formation aux métiers de la maintenance et sur la mise en œuvre d’une culture de la maintenance.