Zoom sur les Rencontres de la Transition énergétique

La meilleure énergie est celle que l’on n’utilise pas, la seconde est celle que l’on réutilise !
Représentant 43 % des consommations finales annuelles de la France, la chaleur peut être recyclée pour réduire ces consommations et les émissions nationales de gaz à effet de serre. Ce cycle d’énergies circulaires s’appelle la récupération de la chaleur fatale.

La chaleur fatale est la chaleur « perdue » par un process industriel (hauts fourneaux par exemple) ou tertiaire (data-center) qui dégage une énergie thermique. Elle peut être récupérée à partir de sites de production d’énergie, de sites de production industrielle, de centres de données, de réseaux de transport fermés ou encore d’unités de valorisation énergétique des déchets. Une fois récupérée, la chaleur peut être réinjectée dans un autre process, notamment dans un réseau de chaleur, urbain ou industriel.

Ce faisant, l’intérêt de la récupération de chaleur fatale est double : elle permet d’améliorer l’efficacité énergétique intrinsèque d’une installation et d’alimenter des réseaux de chaleur (intérêt écologique), mais aussi d’utiliser ce processus pour couvrir tout ou partie des besoins énergétiques du site, voire produire un surplus d’énergie verte qui pourra être utilisé pour alimenter des installations industrielles voisines (intérêt économique).

 
La récupération de la chaleur perdue : un levier très efficace pour décarboner la chaleur !
La récupération de chaleur fatale représente également un intérêt local, en ce qu’elle permet de développer des réseaux de chaleur vertueux et de fédérer des acteurs industriels autour d’une plateforme industrielle et écologique.

En 2017, l’ADEME estimait les gisements valorisables de chaleur fatale (UVE, industrielle, eaux usées, data centers) à plus de 100 TWh ; soit près de 15 % de la consommation nationale de chaleur. Cette chaleur n’est pas seulement un potentiel énergétique pour les réseaux de chaleur, c’est une source d’économies d’énergies pour tout le pays. Capter et réinjecter cette énergie perdue dans les bâtiments, réduirait d’autant leur consommation d’énergies fossiles.

L’énergie nucléaire permet à la France de disposer massivement d’une production électrique bas-carbone. Mais le nucléaire peut aussi avoir des usages non électrogènes, comme la production de chaleur. Sous forme de cogénération ou non, la production de chaleur d’origine nucléaire est une réalité aujourd’hui et demain.

Pour décarboner le bâtiment, en complément de fortes actions d’efficacité énergétique, la France peut produire plus de 300 TWh dès 2030 soit plus de la moitié de notre consommation de chaleur. La chaleur fatale y jouera un rôle majeur passant de 8,7 à 45 TWh (+417%) entre 2021 et 2030 et assurant presque 15% de la ressource.

S’il est difficile de mesurer précisément le gisement de chaleur fatale en France, la FEDENE estime à partir des études de l’ADEME qu’au moins 23 TWh de chaleur fatale sont situés à proximité d’un réseau de chaleur :

La valorisation des gisements de chaleur fatale situés à proximité d’un réseau de chaleur permettrait ainsi de chauffer très rapidement l’équivalent de 2,2 millions d’équivalents logements. Elle permettrait plus largement la création de plus de 10 000 emplois non délocalisables.

Pour autant, force est de constater que le nombre de projets de récupération de chaleur fatale qui se développent en France n’est pas à la hauteur du potentiel de ce gisement.
Cet « échec » dans l’exploitation du gisement de chaleur fatale s’explique par l’importance des investissements face aux risques pris en cas de disparition de la source d’émission de chaleur (fermeture de l’usine, changement de process…). La solution identifiée par les acteurs de la filière pour lever ce frein : la création d’un fonds de garantie spécifique à la chaleur renouvelable et de récupération.

 
Thèmes abordés :

Les gisements de chaleur fatale sont massifs et multiples, issus d’industries, du tertiaire, de la valorisation énergétique des déchets, … et demain d’origine nucléaire ;
Ils constituent un levier très efficace pour décarboner la chaleur ;
Ils restent insuffisamment exploités ;
Un potentiel à portée de main qui a besoin d’un coup de pouce pour être exploité (notamment via un fonds de garantie du risque de contrepartie).

 
Dans cette table ronde :

  • Olivier Clyti, directeur stratégie, RSE, digital, InVivo, nous fera part de son retour d’expérience d’industriel et des freins à lever
  • Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire, lèvera le voile sur le regain d’intérêt pour la production de chaleur d’origine nucléaire à travers de nombreux exemples dans le monde.
  • Grégory Richet, président du SVDU, directeur général délégué Paprec Énergies ; rappellera la place majeure que joue la valorisation énergétique des déchets dans la décarbonation du mix énergétique des réseau de chaleur et la nécessité d’un fonds de garantie du risque de contrepartie
  • Baptiste Perrissin-Fabert, directeur général délégué par intérim de l’ADEME ; dressera le panorama des gisements et nous donnera les clés de compréhension des enjeux
  • Arnaud Susplugas, président-fondateur de Kyotherm, nous fera part de son expertise dans le financement et le développement des projets en France et en Europe

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